“Anouk, toi qui connais l’histoire des génocides, tu veux pas nous raconter, nous expliquer celui-ci…? »
Tout a commencé comme ça. Depuis que je travaille dessus, dès l’obtention de ma licence il y a bien des années, à force que l’on me demande des infos sur tel génocide ou tel massacre, connu ou inconnu, j’ai décidé de développer un rendez-vous annuel pour raconter un génocide par des œuvres d’art qui l’ont abordé.
Chaque année, un génocide différent et une ou plusieurs œuvres associées : voici « Rappelle moi le génocide ».
« Ce projet tend à convoquer les mémoires, diffuser mon savoir sur ces génocides bien souvent méconnus ou oubliés, sous un format court et accessible à tous. »
En s’appuyant sur les œuvres produites par les artistes plasticiens abordant les génocides, je raconte les événements principaux liés au génocide concerné.

Pour le premier volet (2021), j’ai commencé par le génocide des Tutsi au Rwanda, objet de mes recherches universitaires qui portait précisément sur la représentation en arts plastiques de ce génocide.
Diplôme en poche, je continue toutefois d’écrire sur le sujet et participe régulièrement à des colloques spécifiques et d’autres projets liés à cela.
En 2021, mon choix s’est porté sur la série Newsweek, de l’artiste plasticien Alfredo Jaar et le génocide des Tutsi au Rwanda.
« Alfredo Jaar est l’un des rares artistes à se rendre sur place pendant le génocide, à rencontrer des rescapés et a pu prendre en photo une grande quantité de clichés.
Hanté par ces images et le silence assourdissant de la communauté internationale, il a travaillé pendant près de seize ans sur ce qu’il nomme le Rwanda Project, un ensemble de vingt-deux œuvres conçues à partir de ce qu’il a vu au Rwanda entre 1994 et 2010. »
Lors de la première édition, le focus s’est fait sur la visibilité du génocide des Tutsi et les réactions de la communauté internationale, abordant ainsi l’exemption d’information, au cœur du propos de la série Newsweek, une des premières œuvres créées par Alfredo Jaar sur le Rwanda.

Elle est composée de dix-sept couvertures, soit l’ensemble des couvertures du magasine d’information généraliste américain Newsweek, depuis le 6 avril 1994 jusqu’à ce que le journal place le Rwanda en Une. A ces couvertures il énumère les faits relatifs au génocide et le nombre de morts, mettant en évidence le décalage entre ce que le média choisit de mettre en avant et la réalité rwandaise.
« Un génocide ne s’arrête pas en un clin d’oeil, ni une guerre.
Mon premier choix s’est porté sur la série Newsweek, c’est une bonne entrée en lumière pour percevoir le décalage avec le terrain. La série s’étale sur la durée, ce qui permet de voir l’ampleur et la réalité brute du génocide. J’ai choisi le format de la vidéo afin de favoriser l’interaction avec le public. Ce sont donc près de dix-huit vidéos qui traiteront de la série Newsweek, une vidéo par couverture et une vidéo de clôture.»
Les vidéos sont exclusivement en ligne.
2022 se concentre sur un autre génocide, bien plus méconnu : celui des Herero et Nama (1904-1908).
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