« Hier, aujourd’hui, demain.
Tout pays a son histoire, très souvent associée au sang et au désir de domination par un pays extérieur.
Une soif de pouvoir, d’entrave à la liberté pour la construction d’un pays meilleur.
La mémoire de la colonisation et de la décolonisation du Togo est au cœur de cette réflexion artistique à trois voix,
créant une autre façon de relier les humains au delà des tourments d’hier et d’aujourd’hui.
Ouvrir une voie entre héritages et devenirs. »
Terre de mémoires : Héritages et devenirs, texte de présentation
Du 18 septembre au 2 octobre 2022, l’équipe de Terre de mémoires a été invité par l’Institut Français de Lomé en résidence de création. C’est donc à trois, les deux artistes togolais Jerry Doe-Orlando et Trez Folly et moi-même, fondatrice du projet), que nous avons produit une dizaine d’œuvres en lien avec la mémoire de la décolonisation, sujet choisi par l’Institut. Un format allégé du projet matérialisant les premiers jalons de Terre de mémoires à l’international.
Le rythme de la résidence s’est imposé non seulement par les contraintes météorologiques (pluie et soleil) mais aussi par la durée de création : 15 jours.
Autre aspect à ne pas négliger : le rythme biologique de chacune et chacun, Trez étant davantage en production nocturne tandis que Jerry Doe-Orlando suivait un planning précis.
Ainsi pour la création des œuvres collectives (engagement interne de Terre de mémoires), l’ensemble devait s’accorder.
Outre la production et nos réflexions collectives, nous avons reçu quelques visites : l’équipe de l’Institut Français, un groupe d’étudiants universitaires et passionnés d’art (autodidactes), ainsi que d’amis et proches.
Je suis également intervenue lors de la projection du film Décolonisations : du sang et des larmes (épisode 2) de Pascal Blanchard et David Korn-Bzoza le 28 septembre.
Un champ d’exploration
La résidence permet l’expérimentation de nouveaux médiums, de nouveaux dialogues avec les œuvres ainsi que les artistes vis à vis de leurs propres pratiques. Par exemple, Jerry Doe-Orlando a pu rendre concrètes ses recherches récentes autour de la matière, en questionnant toutes ses formes possibles. Un choix plastique très différent des photographies auxquelles il est trop souvent rattaché.
De fait, une seule composition photographique a été réalisé par Jerry Doe-Orlando pour cette exposition.
Quant à Trez, qui passe beaucoup de temps sur la réalisation de ses toiles (de 1mois à 3ans), la contrainte de la durée limitée ainsi que sa volonté de se dépasser a remis en question sa pratique : il a alors choisi de travailler sur des formats de toile plus grands que ceux qu’il prend habituellement.
Terre de mémoires : relier l’Histoire et les Arts pour anticiper demain
Conscients des différents enjeux du sujet choisi par l’Institut, nous avons orienté délibérément nos réflexions sur les héritages et devenirs possibles de la thématique. La richesse de nos expériences individuelles, à différentes échelles et temporalités a servi à la représentation des diverses mises en tension sous-jacentes du thème.
Le projet Terre de mémoires plonge au cœur de la responsabilité de chacun dans des sujets de société typiquement humains en osant ouvrir le dialogue. Par l’expérience artistique de divers artistes aux disciplines variées sur ces thèmes, le projet tend à proposer des pistes de devenirs adaptées et spécifiques. Une approche innovante et inédite, autour de la diversité humaine dans toute sa richesse et sa force.
La pluie a cessé pour le jour de l’installation et le vernissage le lendemain. La nuit, elle avait repris ses droits. Par anticipation, nous avions rentré les œuvres à l’abri des regards.
Le jour de l’inauguration, j’ai été interviewé au sujet de la restitution des œuvres béninoises. Une heure après, Monsieur le directeur de l’Institut Français prenait la parole.
A mon tour, devant une cinquantaine de personnes, tout âge et toute couleur confondue, je déployais la force du projet Terre de mémoires.
Quelques minutes avant, Mazoclet Toninfo, Seencelor le Feedjossard et Lionel Davinci Attere, quelques-uns des artistes de Terre de mémoires Bénin étaient arrivés en nous faisant la surprise.
Dans le public, tour à tour, durant la performance live de Jerry Doe-Orlando et Trez Folly sur une même toile, je fixais les visages des personnes rencontrées lors de cette résidence : acteurs culturels, activistes, étudiants, amis, modèles photo, institutions… . Radieux.
L’Humain dans toute sa diversité.
Nos plus vifs et sincères remerciements à toute l’équipe de l’Institut Français du Togo pour leur confiance.
Akpé (« merci 1000fois ! ») aux personnes impliquées dans le projet, que ce soit en nous rendant visite, en me faisant découvrir Lomé et ses lieux culturels, aux amis et proches qui ont fait en sorte que Terre de mémoires soit une belle réussite, ouvrant la voie à d’autres événements au Togo et au-delà.
Terre de mémoires : une tentative de ré-humanisation 
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